Instantané




Un instant suffit pour que la vie à laquelle j’aspire me passe sous les yeux.
Le même instant et c’est assez pour apercevoir ce qu’elle est, en réalité.
Ma vie, bien réelle, authentique, peut-être même pathétique prend feu.
Tout n’est que transposition, un vulgaire rêve et je passe…
De l’un à l’autre…

Transition merveilleuse, la vision chaotique se mue en monde enchanté.
Je m’en vais, je ne suis plus, personne ne peut me voir…
Immatérielle, immortelle… Ame vagabonde, jusqu’à la nuit des temps.
Un souffle me caresse, si doux m’enveloppe dans un nuage bleu illusoire.
Illusion, oui…

Bientôt il s’en va, me laisse seule, abandonnée, un enfant.
Je réapparais, monde, réalité, fourmi travaillant parmi tant d’autres.
Autres. Remplie des autres, ils m’achèvent, me gardent en vie, fantômes errants.
Dans mon âme, dans mon cœur, dans mon monde…
Si fragile.

Autres, remuant ciel et terre à la recherche de leur parcelle.
Une vie, heureuse, méritée, une maison, tout ce qui a de plus réel.
Un abri, une raison, un acquis.
Rassurant. Pourtant ne tenant qu’à un fil.
Usé.

Le fil se casse, tout se détache, tout se délabre, tout est parti.
De tout à rien. Une vie, un espoir, un chemin… Brisé.
Jamais ne se décourageant, recommençant son travail comme si de rien n’était.
Les bras, sans se baisser, poussent la pierre jusqu’au sommet.
Sisyphe des temps modernes.

Espoir conservé, rebâtissant petit à petit.
Ce qui s’est envolé sans que même les dieux ne puissent le remarquer.
Et vie, années, heures, minutes passent sans se faire remarquer.
Discrètes, timides, réservées. Un jour, réapparaissant…
Et en ce jour, elles sont comptées.

Du temps, il n’y en a plus. C’est fini. Le jeu est terminé.
Ennemi, il chasse les hommes qui à leur tour s’envolent.
Cette fois-ci, impossible de recommencer.
Les heures ne s’écoulent plus, figées.
Elle est la seule, l’unique et reste jusqu’au dernier moment.

Ce spectacle ne me touche pas, il ne m’émeut guère.
De nouveau, je suis partie. Loin de tout et seule au monde.
Bercée par de douces voix, si loin de notre fourmilière commune.
Où l’absurdité règne en maître, ainsi que la peur dont elle se repaît.
La peur, les craintes du genre humain…

Loin je ne suis plus, peut-être n’ai-je jamais été…
Qu’une spectatrice derrière un écran.
Sans que les événements puissent m’atteindre.
Je suis si bien, somnolente, rêvassante… Le paradis…
Existe-t-il ? Y suis-je ? Plus de question, que des réponses.

De nouveau, le rêve s’envole. Le monde, si froid, réapparaît.
Solitude, pesante… Mais bienveillante
Qui m’envahit.
Un moment de quiétude, calme, reposant…
Angoissant…

Aucun acquis, qu’une illusion… Toujours présente.
La peur rentre en moi comme un souffle d’air froid.
Elle est là, bien réelle.
Signifiant que moi je ne sais pas, justement, ce qui est réel.
Que le genre humain ne m’exclut pas, j’en fais partie…

A part entière.
Matérielle, mortelle, faible.
Image désolante, honteuse… Cachée.
Ainsi devant le miroir, la révolte s’introduit.
Une révolte désespérée, inavouée…

Insupportable idée qu’est la vérité. Dans le miroir, je n’apparais pas.
Dans le miroir, je ne suis plus, personne ne peut me voir…
Un vulgaire rêve échappé, échappant…
A la société, au monde fut-il… futile.
Rêve ou réalité… le miroir reflète seulement ce qu’il croit bon de refléter.

Un dernier instant suffit à me ramener.
Mon quotidien. Plus de rêve ou même de réalité.
Seulement les petites préoccupations journalières.
Inutiles… Qui pourtant occupent si bien notre esprit chaque jour passant.
Travail, nourriture, loisirs et activités

Echappatoire, en fait, à la pensée….


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