Noël ou de l'indécision

L’hiver… 

Le temps s’encourt. 

Toujours plus vite.

 Chacun, préoccupé par ses propres tracas, presse inconsciemment le pas. 

« C’est aujourd’hui », pense-t-elle. 

Toujours plus froid, toujours plus noir. 

Quelle plaie d’être née dans l’indifférence de cette saison ingrate ! 

Les fêtes… Nous consolent, parait-il ! 

Sceptique, elle hausse les épaules… Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. La naissance du p’tit Jésus remédierait-elle au silence et à la solitude dont nous enveloppe progressivement Monsieur Décembre? Idéologiquement, peu probable : L’Europe moderne perd peu à peu ses croyants ou tout au moins ses adeptes les plus fervents. « Les fêtes ne sont plus que des symboles, elles ne font que nous offrir un prétexte à la réjouissance et une date fixe aux surprises ». Fêter la naissance d’un gamin dont on s’en cogne comme de sa première tétine, c’est sûr… Ce n’est pas pour sa signification que dans quatre jours nous serons tous attablés devant de succulents mets. 

Ses talons claquent sur les pavés et, narquois, comme un écho, lui donne une étrange sensation de duplicité. Elle jette un rapide coup d’œil en arrière et aperçoit son reflet fugace à travers une vitrine : elle porte ses bottes noires et son manteau blanc dont elle avait tant rêvé. On peut dire que tous les deux lui avait donné du fil à retordre ! Elle les avait longuement cherchés, en vain, sachant qu’elle les reconnaîtrait du premier coup d’œil, telle une « principessa » et son prince charmant. Mais la recherche n’était pas le seul obstacle, le prix n’était pas étranger à ses difficultés. Acheter étant devenu le Leitmotiv de notre société ; lors du passage à l’euro, les magasins, dans la foulée, n’avaient pas hésité à revoir les prix à la hausse. 

Elle n’était pas la seule victime.